Vadim, ou le regard d’un fixeur
© Andrey Bezludniy
Du 5 au 31 octobre
Commissariat de l’exposition : Sara.H Danguis et Guillaume Herbaut
Vadim est celui que l’on ne voit pas. Il est dans l’ombre des journalistes. Il est Fixeur.
Sans lui, pas d’enquêtes approfondies, pas d’images.
En amont des reportages il prépare le terrain, identifie les personnes clé, prépare la logistique. Sur le terrain, il se bat pour obtenir des autorisations, traduit, s’assure de la sécurité et accompagne à chaque instant les journalistes. Et quand le travail est fini étant le seul à rester, il doit assumer les conséquences des sujets publiés. Il est essentiel.
Vadim est né à Donetsk, dans le Donbass en Ukraine. Aujourd’hui région touchée par la guerre. Adolescent, il a connu la chute du communisme et ses soubresauts. Dans les années 90, il part étudier en Angleterre. En 2011 et 2013, il suit des études artistiques à l’école de Condé à Paris. Entre temps, il ouvre une boutique de sport extrême au centre de Donetsk. Il y emploie 20 personnes. Ces affaires fonctionnent bien.
Lorsque que la révolution de la dignité commence à Kiev en 2013 sur la place de l’indépendance, il part et décide de filmer les évènements. Il en fait son premier court métrage. Une histoire sur les Berkouts, les forces anti-émeutes ukrainienne. Il suivra tous les évènements. Il rentre à Donetsk. La guerre commence.
Il est repéré par les journalistes. Il est polyglotte, entreprenant, prudent sans avoir peur, il a un bon réseau, il est créatif et en plus il est drôle. Très vite, il est reconnu comme l’un des meilleurs fixeurs.
En Ukraine, il travaille pour les plus grands titres, Le Monde, Paris Match, Le Figaro, Le Figaro Magazine, Elle, Marie-Claire, Arte, TF1, Bildt, M6, etc.
Mais en parallèle, il perd tout. Sa boutique ferme, et bientôt il ne pourra plus vivre chez lui à Donetsk. Une république séparatiste pro-russe est créée, la DNR (la République Populaire de Donetsk). La guerre est bien là, et Vadim se débat pour y survivre. Il enchaine reportage sur reportage. La guerre est devenue son quotidien et en parallèle de son travail il la documente
À sa manière, hors des repères journalistiques, il cherche sa propre écriture. Vidéo, photographie argentique, digitale, installation, collecte d’objet, expérimentation visuelle, croquis, prise de son. La guerre est un chaos, il en constitue une œuvre brute pour essayer de comprendre comment elle l’a transformé.
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Espace Culturel E. Leclerc
Boulevard du 6 juin
Ouvert du lundi au samedi de 9h à 20h
Entrée libre
octobre 5 2020
09:00
Espace Culturel E. Leclerc