Miroir sur le monde
Alfred Yaghobzadeh

© Alfred Yaghobzadeh

Du 7 octobre au 3 novembre

Photos d’Alfred Yaghobzadeh

Né d’une mère assyrienne et d’un père arménien à Téhéran, Alfred Yaghobzadeh s’imprègne très tôt de la richesse culturelle de sa famille et de sa ville. 1979, il a 19 ans. Etudiant aux Beaux-Arts, il capte avec un petit appareil la révolution iranienne. Il se retrouve, pour Associated Press et l’agence photo Gamma, sur le front où les batailles contre l’Irak font rage. A 22 ans, il quitte l’Iran et atterrit au Liban, pays au conflit compliqué.
Cet Orient bouillonnant le fascine, il y passe plusieurs années, pour l’agence photo Sygma et Newsweek Magazine.
Son regard se pose du côté des « laissés-pour-compte ». Blessé à la jambe par un éclat de grenade, il fait face à toutes les milices, et finit pendant huit semaines otage dans les geôles sombres et humides du Hezbollah. Ces mêmes « oubliés du monde », simulent par trois fois, en le plaçant devant un mur, des exécutions avec des balles à blanc.
Il est libéré avec l’aide de Claude Thierset de l’agence photo Sipa Press, avec laquelle il collabore pendant 29 ans. Ses photos, puissantes, s’étalent dans Stern, Paris Match, Figaro Magazine, Time, Geo, Newsweek, Elle, Life, El Pais
L’Afghanistan, limitrophe de l’Iran, l’attire. Pendant plusieurs voyages, il sillonne le pays, auprès des moudjahidin – résistants qui s’opposent aux Soviétiques. Il garde le souvenir d’une grande simplicité.
« Je n’avais besoin de rien, quelques films, un appareil photo et une batterie de réserve pour mon appareil. Je marchais beaucoup dans les montagnes, dormais dans la majestueuse nature. »
Il continue vers le Pakistan. Il vit, mange et dort au plus près de ses sujets.
Un nouveau chapitre s’ouvre pour lui en 1987 : il est présent dès les premiers jours de l’Intifada en Israël. Il passe plusieurs années sur ce terrain où deux peuples ont une passion pour une même terre.
Auprès des plus faibles, il témoigne de toutes les batailles de rue. Il aiguise son regard, et dans ce conflit qui se joue de corps à corps, ses photos dégagent une justesse et une humanité qui feront désormais de ce jeune photographe un des grands talents de sa génération.
« J’essaie de dépeindre la réalité telle que je la vois. Sans exagérer l’émotion ou l’esthétique. En tant que photographes, nous apprenons sans cesse sur le terrain et sur nous-mêmes. C’est un processus sans fin. »
Son travail est couronné par le premier Prix du World Press Photo.
En 1989, chute du mur de Berlin. « J’ai couvert plusieurs révolutions mais la force des manifestations non violentes qui ont conduit à la chute du mur de Berlin n’a jamais cessé de m’impressionner. Sur les photos que j’ai prises à ce moment-là on peut voir l’expression d’une immense émotion et d’une grande joie. »
En Tchétchénie, quelques heures après son arrivée dans Grozny en feu, Il est grièvement blessé à l’aine. « Je n’oublierai jamais ce périple à travers l’Ingouchie et l’Ossétie. Mes collègues et amis, Patrick Chauvel et Noël Quidu, bravent tous les « check point » et se démènent pour me rapatrier en urgence dans un avion sanitaire. »
Après une absence de 25 ans, retour en Iran. Pendant trois ans il arpente son pays. Ses photos offrent la fraîcheur de la jeunesse iranienne, une réelle documentation sur la vie des mollahs, et un reportage étonnant et inédit sur les minorités en terre Perse. Accusé comme toute la presse de témoigner, pendant les émeutes entourant les élections, en Juin 2009, il est à nouveau « persona non grata ».
Durant ces années de reportages Alfred a pu observer la nature destructrice de l’être humain. Témoin de quatre décades de conflits et de révolutions, il dit : « Je ne porte aucun jugement, je suis tel un invité, et comme un miroir, je montre ce que je vois. Mais je constate que l’usage de la liberté est mal compris. Les opprimés qui se libèrent de leur joug deviennent à leur tour, très vite, des oppresseurs. Comme si l’être humain ne pouvait sortir de ce cercle infernal. Il fait subir à l’autre ce que lui-même a subi. Ça me laisse un peu perplexe. Je me demande si cela valait la peine de prendre tous ces risques et de croire à toutes ces révolutions. »


En extérieur dans la ville de Bayeux
Le parcours de cette exposition est détaillé dans un document disponible à l’office de tourisme et dans les lieux publics
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Cette exposition est réalisée avec le soutien de

octobre 7 2019

10:00

En extérieur dans la ville de Bayeux